Lapeyre se spécialise depuis 1931 dans la commercialisation d’articles destinés à l’aménagement de la maison. Elle propose par exemple des portes et fenêtres pour les appartements, les maisons ainsi que les bâtiments à usage professionnel. Qu’il s’agisse d’aménager la salle de bain, la cuisine, les sous-combles ou créer des balustrades et des rampes dans les escaliers, la société peut répondre à tous les besoins en matière d’aménagement intérieur et extérieur. Depuis l’acquisition de la société par le groupe Saint-Gobain en 1996, l’activité est toujours sortie bénéficiaire. En 2019 par exemple, le résultat se chiffrait à 1,9 milliards d’euros. Il faut toutefois reconnaître que la santé financière de la société ne cesse de dégringoler depuis près de deux ans. Ce qui a poussé le groupe Saint-Gobain à trouver un repreneur.

Le nom du futur acquéreur est enfin dévoilé au grand jour. Apparemment, la société sera cédée à Mutares, un fond d’investissement. Ce qui est loin de réjouir les 3 500 salariés de la société Lapeyre.
Des inquiétudes face à l’acquisition par Mutares
Mutares est un holding allemand se spécialisant dans la restructuration des entreprises en difficulté. Créé en 2008, ce fond d’investissement intervient généralement auprès des sociétés évoluant dans le secteur automobile, de l’ingénierie ainsi que dans la vente de biens et services. La crainte des employés de la société Lapeyre porte essentiellement sur les conséquences de la restructuration sur l’emploi en France. Selon Hervé Grillon, délégué syndical CGT de Distrilap, filiale de Lapeyre, il n’y a pas jusqu’ici le moindre engagement de Mutares à maintenir l’emploi. Ce qui est loin de réjouir les employés. On craint surtout la mise en place des plans sociaux.

Il faut reconnaître que l’approche utilisé par Mutares demeure la même à chaque intervention. Pour pouvoir licencier les salariés et afin de ne payer qu’une indemnité modique, elle entraîne la société vers l’engrenage de la liquidation judiciaire. C’est le cas notamment des sociétés Pixmania et Artmadis qui furent rachetées respectivement par Mutares en 2014 et 2017. Compte tenu de la réputation peu réjouissante de ce holding allemand, M. Comte Lapeyre a des sérieuses inquiétudes. Notons que Lapeyre compte actuellement 3 500 salariés, 130 magasins et une dizaine d’usines.
La nomination récente de Marc Ténart à la direction de la société ne fait que renforcer davantage les craintes de la CGT ainsi que du collectif des salariés du groupe Lapeyre. En effet, le nouveau dirigeant est actuellement le PDG de Conforama. Lors de sa nomination en septembre 2019, sa principale mission est de procéder à la fermeture de 42 magasins avec un licenciement de 1 900 salariés.
L’activité va se centrer sur les professionnels
Depuis toujours, les produits de Lapeyre sont destinés essentiellement aux particuliers et professionnels. Selon l’affirmation de la direction de Saint-Gobain, l’activité de la société va se centrer uniquement sur les professionnels. Ceci, afin d’accélérer la relance de l’activité. On veut surtout rassurer les employés sur la poursuite de l’activité dans les meilleures conditions possibles. La vente définitive est prévue pour le premier trimestre de l’année 2021.

Par ailleurs, afin de donner à Mutares tous les moyens de mener à bien la restructuration, la direction de Saint-Gobain a prévu d’octroyer à cette dernière une somme d’un montant de 245 millions d’euros. Ce qui va servir essentiellement à financer les autres projets à venir. Bien entendu la gestion du fond sera sous le contrôle d’une autorité spéciale ou fiducie. Ce qui devrait redonner confiance aux employés ainsi qu’aux partenaires de la société.
En dépit de cette annonce très édifiante émanant de la direction de Saint-Gobain, Jérôme Brière, le représentant du collectif Lapeyre est plutôt sceptique. En effet, il a constaté un manque de transparence dans la gestion de l’affaire. Ce qui ne prédit rien de bon que ce soit pour les employés ou la société elle-même. A l’occasion d’une visioconférence avec France Philip Szlang, le PDG de Mutares par exemple, il a été précisé que le groupe Lapeyre sera revendu par la suite. Apparemment, il y a un manque de clarté dans les informations fournies. Ce qui laisse planer le doute chez les salariés.
Il est normal de penser que si aucune usine n’est fermée, c’est que la société ne veut pas s’engager, Mutares ne veut pas s’engager.
Comment expliquer les difficultés de Lapeyre ?
Le problème rencontré par le groupe Lapeyre résulte surtout de l’absence d’investissement depuis son acquisition par Saint-Gobain. Notons que la société était en plein essor jusqu’en 1996. Le bilan de ces 24 dernières années, période durant laquelle Lapeyre était sous la direction de Saint-Gobain n’est pas très prospère. N’oublions pas que toutes entreprises ayant une vision à long terme doivent privilégier l’investissement pour pouvoir créer régulièrement de la richesse. C’est la meilleure façon de renforcer la situation financière et de garantir la pérennité pour l’activité. Ce qui n’a jamais été une priorité chez Lapeyre. D’où la dégradation de la rentabilité ces dernières années.

Les salariés doivent toujours s’attendre au pire malgré la volonté de Lapeyre de redresser la situation. Comme, il y a une perte d’argent, il va falloir alléger les dépenses pour que le processus de restructuration aboutisse. Cependant, afin d’éviter un éclatement social, Saint-Gobain ainsi que Mutares doivent prendre les mesures nécessaires et faire preuve d’honnêteté dans la gestion du problème. De cette façon, les salariés pourront se préparer d’ores et déjà à l’éventualité d’un licenciement massif.